3.2.1
3 , 2 ,1 machines . La nuit dehors fait rideau et
roule sous ma langue son flot de voyelles colorées .Dehors ,ce grain ,
cette poussière qui fragilise l'âme au poing ,l'arme au point ,
au point de raturer l'infini . Au point de raturer le fini ,
çà dépend .
21 heures . Han han hangar de machines coincées entre l'établi et le tablier .
En stéréotypie ,des plombes de rang , stéréotypie d'une drôle d'histoire .
En banlieue les hangars d'usine s'émancipent de boucles de cheveux raides ,de mains moites
et d'imaginaires à broyer .
1 ,2 ,3 ,4 rivets à riveter mécaniquement , ostensiblement
A : fait la bouche qui s'entrouvre
C : fait la bouche qui se referme
De cette même bouche qui broie la syntaxe et la réduit en purée .
Veux-tu accorder notre musique intérieure aux printemps des machines-outils ?
Le sein délicat du mois de septembre roule en creux ,dans nos lits défaits ,sa sempiternelle révolution . Dans ces hangars de la fin ,tout est somptueusement plat : nos mains ,l'isthme de nos pensées qui s'éteignent au seuil , le rêve de nos rêves ...et ces pieds qui toujours plongent vers l'en deçà .
Pause .
Lit-on encore l'histoire de ce Prince qui dit-on se métamorphose en lion -cette puissance aveugle - puis en renard - ce fin limier détecteur de mensonges- ?
Pause .
Les promesses du vivre s'interrompent au pied des cadences infernales .Les papiers aux mentions rugueuses se froissent et se vissent . Le pli ,au dedans ,ronge son frein qui entonne le chant de ces têtes réduites .
photog de Muriel Deniot .